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Audience du 22 Nivôse (11 Janvier 1797)
 
« Dudit jour est comparu Guillaume Filhoud, âgé de trente ans environ, laboureur demeurant au chef-lieu de la commune de Teyjat.  
A déclaré que venant de Varaignes le six du présent mois, et comme il arrivait à Teyjat sur les cinq heures de l'après midi, il vit l'arbre de la Liberté qui était renversé par terre après deux pieds et demi du côté de la souche et qu'il aperçut trois enfants de l'âge environ six à sept ans ou environ qui coupaient ledit arbre avec une hache que l'un d'eux avait apportée qu'il ne connaît pas mais qu'on lui a dit être le neveu de chez Jeannot, ajoute qu'il n'a vu arracher ni couper ledit arbre, ni ouï dire par qui il avait été arraché. C'est tout ce qu'il a dit savoir et n'a signé pour ne savoir de ce faire interpellé, ayant requis sa taxe, lui avons taxé trente sols valeur métallique.  
Dudit jour est comparu Philippe Fontaneau, laboureur, âgé d'environ trente ans, demeurant au lieu de Laudonie commune de Teyjat
A déclaré que revenant de Varaignes le six du courant, sur les cinq heures de l'après midi, il vit le nommé Martial Bonithon, petit fils de Jean Bonithon, le nommé Cri et le nommé François Nadaud, fils de Martial Nadaud, sacristain, qui coupaient ledit arbre avec une hache que ledit petit fils de Bonithon apportait. C'est tout ce qu'il a dit savoir et n'a signé pour ne savoir de ce faire interpellé, ayant requis sa taxe, lui avons taxé trente sols valeur métallique. Ajoute que le plus vieux des trois enfant pouvait être de l'âge de sept à huit ans.  
Dudit jour est comparu Elie Filhoud, laboureur, âgé de dix sept ans ou environ, demeurant au chef-lieu de la commune de Teyjat.  
A déclaré que revenant de Varaignes et arrivé au chef-lieu de la commune de Teyjat, à cinq heures de l'après midi, il avait vu le nommé Martial Bonithon, petit fils de Jean Bonithon dit Jeannot, le nommé François Nadaud, fils de Martial Nadaud, sacristain et le nommé Cri qui coupaient ledit arbre avec une hache, laquelle avait été apportée par ledit petit fils de Bonithon, que le plus vieux desdits trois enfants peut être de l'âge d'environ douze ans. Ignore d'ailleurs par qui ledit arbre a été arraché. C'est tout ce qu'il a dit savoir et n'a signé pour ne savoir de ce faire interpellé, ayant requis sa taxe, lui avons taxé trente sols valeur métallique. »
François Nadaud , fils de Martial Nadaud répond à son tour. Dans la nuit du quatre au cinq il est resté dans la maison du ministre du culte jusqu'à l'heure de la messe. Il ne sait pas que cette nuit là l'arbre de la Liberté fut arraché, ni en conséquence par qui. Les choses se gâtent pour lui : « interrogé s'il sait par qui ledit arbre de la Liberté a été coupé et s'il n'a pas aidé lui-même à le couper », il répond « que le six du présent mois et environ les deux ou trois heures de l'après midi, Martial Bonithon, petit fils de Jean Bonithon dit Jeannot, fut chercher chez lui une hache avec laquelle lui répondant convient qu'il commença à couper ledit arbre et que ledit Martial Bonithon et le petit (  ?  ) prirent successivement la même hache et s'en servirent pour couper ... ledit arbre ». Que firent ils des morceaux ? « Répond que dès le même jour qu'il fut coupé, le nommé Pierre Petit Cri, le nommé Pierre Tarraud, de Chez Boine et le nommé Petit Pierre Geissoud, métayer de Jean Bonithon dit Jeannot, de Chez Galier et le nommé Virage, son frère, emportèrent la tête dudit arbre chez eux et que le lendemain, sept du courant, lui répondant, les deux enfant de chez Jeannot nommés Carrier et Jean, Pierre Tarraud de Chez Boine, Pierre Geisson et ledit Petit Cri apportèrent l'autre moitié dudit arbre dans la basse cour du ministre du culte de la commune ». Qui leur a donné ordre ou conseil de porter une partie de l'arbre chez le curé ? « Répond que ce n'est par ordre ou conseil de personne ... et qu'ils s'y déterminèrent de leur propre mouvement ».   Il est remis en liberté « à raison de la faiblesse de son âge ».  
Vient le tour de Pierre Prieuret , dit Petit Cri. Dans la nuit du quatre au cinq il était sous le pigeonnier jusqu'à l'heure de la messe. L'obscurité lui empêcha de voir les personnes qui arrachèrent l'arbre. Comme à François Nadaud il lui est demandé par qui l'arbre a été coupé et s'il a participé au sacrilège. Il ne peut nier et répond « que lui et François Nadaud ... ont coupé l'arbre avec une hache qu'avait apporté Martial Bonithon ... ». Que firent-ils de l'arbre ensuite ? Ils le laissèrent sur la place. Ne l'emmenèrent-ils pas dans la cour du curé ? Il se souvient que le lendemain, lui, aidé par Pierre Tarraud, Petit Pierre Geissou, François Nadaud et les deux petits fils de Jean Bonithon dit Jeannot, l'un nommé Jean et l'autre Carrier , apportèrent l'arbre dans la cour du curé. Selon lui c'est le curé qui leur demanda de porter dans sa cour « la portion de l'arbre qui restait sur la place ». Il est également remis en liberté « à raison de la faiblesse de son âge ».
Jean Aufort , âgé de douze ans, demeurant à Boisbernard est appelé. Durant la nuit du délit, « il resta à se chauffer dans la maison du ministre du culte ... jusqu'au moment où il est allé à la messe de minuit ». En entrant chez le curé il vit bien « du monde qui étaient autour de l'arbre de la Liberté qui le secouaient mais il ne reconnut personne ». Il n'a entendu parler de rien, il ne sait pas par qui l'arbre a été coupé et n'a pas aidé lui même à le couper. Duchassaing n'aime pas être pris pour un naïf et il délivre à son encontre un mandat d'arrêt. Lors du second interrogatoire, il dit être arrivé à Teyjat vers les huit heures, il se mit d'abord sous le pigeonnier attenant à l'église avec d'autres personnes et ensuite il alla se chauffer chez le curé. Il confirme qu'il vit « plusieurs personnes autour de l'arbre qui le secouaient avec force, qu'il aperçut aussi qu'il fut presque à demi renversé, qu'il n'a reconnu aucunes desdites personnes ...parce que l'obscurité de la nuit qu'il faisait lui empêcha et ne sait qui a coupé et renversé ledit arbre ».
Il faut remarquer que pour ces trois derniers témoins les âges semblent minorés par rapport à leurs actes de naissance qui figurent au dossier.  
Pierre Saute, le métayer de Jean Bonithon, n'alla pas à la messe de minuit, il ne sait pas que l'arbre a été coupé et arraché et bien sur il n'a pas participé à la chose. Il écope d'un mandat d'arrêt immédiat. Lors du contre interrogatoire, le même jour, « il a ouï dire que l'arbre a été renversé dans la dite nuit, que le cinq au présent mois, allant à la messe à Teyjat, environ les huit heures du matin, il aurait aperçut ledit arbre à demi abattu ». Il ne change rien d'autre à sa déposition.  
Mathieu Fauconnet, des Planes, ne vint pas non plus à la messe de minuit, ne sait pas que l'arbre a été coupé et n'a pas aidé au sacrilège. Duchassaing délivre un mandat d'arrêt immédiat. Lors de son second interrogatoire, le même jour, après la délivrance du mandat d'arrêt, il se souvient avoir « vu dans la journée du cinq l'arbre de la Liberté renversé et arraché ». il ne change rien à ses autres réponses.  
Elie Duport, qui a été arrêté la veille répond à nouveau. Il s'est bien rendu à la messe de minuit, il est arrivé à Teyjat à dix heures, il alla sous le pigeonnier, puis voyant du monde autour de l'arbre de la Liberté il s'en approcha, le nommé Lambert, domestique de (  ?  ) Lagarde de Boisbernard et le nommé Laina, de Teyjat, lui dirent d'aller chercher une hache pour couper l'arbre, les époux Gouillette la lui refusent « en l'invitant à rester avec eux, ce qu'il fit, qu'étant sorti à l'heure que la messe allait se dire, il aperçut que l'arbre de la Liberté était abattu ». Il vit Lambert, Laina, le nommé Chambart, domestique, le nommé Pierre dit Soudat plus jeune, le fils de la nommée Louise, le fils du nommé Philippe qui « travaillaient pour arracher et renverser ledit arbre ». Lui même n'a pas participé.  
Mandat d'amener est lancé contre « le citoyen Laina, cultivateur demeurant au chef-lieu de la commune de Teyjat, âgé d'environ vingt neuf ans, taille de quatre pieds neuf pouces, cheveux et sourcils châtains ... ».
Audience du 16 Nivôse (5 Janvier 1797)
 
Les interrogatoires se poursuivent avec les personnes citées lors des précédentes dépositions.  
"Dudit jour est comparu la citoyenne Marie Marcely, épouse de Martial Bonithon, âgé d'environ dix neuf ans, demeurant au chef lieu de la commune de Teyjat.  
A déclaré que sur les neuf heures de la nuit du quatre au cinq du présent mois  et comme elle allait à la messe de minuit, elle aperçut ledit arbre de la Liberté qui était planté sur la place du chef-lieu de la commune de Teyjat qui était à demi renversé, qu'elle vit dans le rassemblement de plusieurs personnes qui entouraient l'arbre parmi lesquelles elle distingua Jean Aupetit fils, métayer de Joubert, du lieu de Boisseuil en ladite commune de Teyjat, qui tenait à la main une lanterne dans laquelle elle croit qu'il y avait une lampe qui brûlait, mais qu'elle ne vit que le dit Aupetit, ni les autres personnes assemblées s'occupassent de l'arrachement dudit arbre. Que le sept du courant l'arbre n'était plus sur la place, qu'elle a ouï dire qu'il avait été porté dans la basse cour du ministre du culte de ladite commune mais ne savoir qui l'a enlevé ni qui l'a porté dans ladite basse-cour. C'est là ce qu'elle a déclaré savoir et n'a signé pour ne savoir, de ce faire interpellée, ayant requis sa taxe, lui avons taxé vingt cinq sols valeur métallique.  
Dudit jour est comparue Marie Bonithon, fille âgée de vingt ans où environ, demeurant au chef-lieu de la commune de Teyjat.  
A déclaré que se rendant dans la nuit du quatre au cinq à la messe de minuit, elle aperçut l'arbre de la Liberté planté dans la place du chef-lieu de la commune de Teyjat à demi renversé, qu'elle vit aussi que ledit arbre était entouré par une quinzaine de personnes, autant qu'elle pu en juger, parmi lesquelles personnes elle distingua le nommé Jean Fauconnet, métayer de Joubert, du lieu de Boisseuil, qui tenait une lanterne à la main, dans laquelle il y avait une lampe qui brûlait. C'est tout ce qu'elle a dit savoir et n'a signé pour ne savoir de ce faire interpellée, ayant requis sa taxe, lui avons taxé vingt sols métalliques.  
Dudit jour est comparu Guillaume Reytier, notaire public, âgé de vingt sept ans ou environ, demeurant au village de Bouére commune de Teyjat.  
A déclaré que dans la nuit du quatre au cinq du courant, environ les onze heures du soir, le déclarant se retirant de chez le citoyen Masfrand, agent municipal de la commune de Teyjat, où il avait été appelé pour aider à corriger les erreurs commises sur le rôle de la contribution foncière de ladite commune de Teyjat, il aperçut sur la place publique de Teyjat un groupe de monde, parmi lesquels étaient la bru et la fille de Jean Bonithon dit Jeannot, qui s'avancèrent vers le déclarant et lui dirent : prenez garde, l'on a couché l'arbre de la Liberté. Le déclarant répondit : tant pis pour ceux qui l'ont fait et il entra à l'instant dans la maison ci-devant curiale où il causa un moment avec les citoyens Beyle et Dumaine, ce dernier ministre du culte catholique et qu'il fut ensuite dire la messe de minuit où le déclarant assista ; après laquelle il partit pour se rendre chez lui, sans qu'il sache qui avait commis le délit. Que le surlendemain, sept du courant, ledit citoyen Masfrand appela encore le déclarant vers lui pour finir de corriger les erreurs dont il a déjà parlé, ce qui étant fait il se retira ; ledit Masfrand accompagna le déclarant avec le citoyen Dapien, agent municipal de ladite commune de Teyjat, que chemin faisant ils entrèrent dans la maison ci-devant curiale, où le déclarant aperçut dans la cour ledit arbre de la Liberté qui avait été coupé par les deux bouts, dont il ne restait qu'une longueur d'environ quinze pieds ; ledit citoyen Masfrand, en sa qualité d'agent municipal, interpella ledit Dumaine, ministre du culte, de lui dire qui avait apporté dans ladite cour ledit arbre de la Liberté, qu'il lui répondit qu'il n'en savait rien. Ajoute le déclarant avoir ouï dire par le citoyen Pierre Lapouge dit Sourdeau, demeurant au village de Beaumont, commune dudit Teyjat, qu'on avait fini de couper ledit arbre de la Liberté le cinq du courant. Et c'est tout qu'il a dit savoir, lecture à lui faite de sa déclaration, a dit qu'elle contient vérité, a persisté et a signé et ayant requis sa taxe, lui avons taxé trente sols."
Comme l'instruction avance, de nouveaux mandats d'amener sont lancés le 16 nivôse contre « le nommé Laina, demeurant au village de Chez Galier, la nommée Jeanne, épouse de Jean Bounithon, demeurant au même village et Pierre Lapouge, dit Sourdeau, demeurant au village de Beaumont, le tout commune de Teyjat, témoins qui ont été indiqués ... ». Ils doivent comparaître le dix huit nivôse.  
Audience du 17 Nivôse (6 Janvier 1797)
 
Etienne Ribadeau Dumaine est le premier à être interrogé :  
« interrogé de ses noms, surnoms, âge ... , déclare se nommer Etienne Ribadeau Dumaine, ministre du culte catholique en la commune de Teyjat, âgé de cinquante deux ans et sept mois. Interrogé s'il a eut connaissance qu'il a été coupé l'arbre de la Liberté ... Répond qu'il a vu dans la même journée du cinq du présent mois l'arbre de la Liberté qui était à demi abattu. Interrogé s'il sait que ledit arbre ait été abattu dans la nuit du quatre au cinq audit présent mois, ou à quel autre jour et heure il a été renversé. Répond n'avoir aucune connaissance du jour et heure à laquelle ledit arbre a été arraché. Interrogé s'il sait que l'arbre de la Liberté a été scié et coupé et si les dits arbres ou bouts n'ont pas été porté dans la cour de la maison qu'il habite. Répond qu'il ignore quelles sont les personnes qui ont scié ou coupé ledit arbre, que tout ce qu'il sait c'est qu'il a été scié et coupé toute la journée du six du présent mois sur la place de la commune de Teyjat, que le lendemain, sept du courant et pendant qu'il était occupé dans l'église à des fonctions de son ministère, il y a lieu de croire qu'on apporta quelques portions dudit arbre dans sa basse cour puisqu'en effet à son retour chez lui il aperçut quelque fragment d'arbre qu'il ne reconnut même pas d'abord pour avoir fait partie de l'arbre de la Liberté  parce que ledit arbre n'avait aucune marque qui le différenciait d'avec un autre arbre. Interrogé si c'est par son ordre ou par ses conseils que les débris dudit arbre furent portés dans sa basse cour. Répond négativement et ajoute que ce pouvait être d'autant moins par son ordre ou par ses conseils que quelque portion dudit arbre fut portée dans sa basse cour que comme il l'a déjà dit ce fut en son absence et pendant qu'il était occupé dans son église que l'on porta dans sa basse cour une partie du tronc de l'arbre de la Liberté qui allait à la moitié de sa longueur. Observe le répondant que quoique l'arbre de la Liberté fut renversé, et ce depuis le cinq du courant, et qu'il eut été scié et coupé la journée du six sur la place de la commune et qu'il sait à présent que l'agent municipal et son adjoint de la commune en eurent connaissance que le délit avait été commis depuis deux jours, néanmoins ils ne le constatèrent par procès verbal que le troisième jour, jour auquel portion dudit arbre fut portée dans la basse cour du répondant"..
Il persiste et signe et à la suite de ses réponses claires et surtout sincères, Duchassaing ne peut que le remettre en liberté.
Martial dit 'Carier' (11ème enfant)
né en 1770
ep. Marie Marcely
Plantation d'un arbre de la liberté en 1790
19 Nivôse (8 Janvier 1797)
 
Duchassaing délivre un mandat d'amener à l'encontre du « ... fils de la nommée Jeannette, cultivateur demeurant au hameau de Chaufour commune de Teyjat, âgé de seize ans, taille cinq pieds un pouce, cheveux et sourcils châtains, pour être entendu sur les inculpations dont le fils de ladite Jeannette est prévenu ... ». Il s'agit d'Elie Duport qui sera interrogé lors de la séance du 21 nivôse.  
Il poursuit par un autre mandat à l'encontre de Lambert, domestique du citoyen Lagarde, demeurant à Boisbernard, « ... âgé de dix huit ans environ, taille de cinq pieds, cheveux et sourcils châtain brun ... ». Le mandat sera délivré par D'Artiague, huissier, le 21 ou le 22 nivôse, les deux dates figurent sur le procès verbal, qui se transporte « au  domicile dudit Lambert ... où étant avons trouvé la porte fermée et ayant heurté différentes fois à icelle sans que personne se soit représenté que celle d'un voisin qui nous a déclaré que ledit Lambert était absent, ce qui fait que nous avons délaissé par attache à la porte dudit Lambert le susdit mandat d'amener ... ».
Mandat d'amener contre « le nommé Petit Cri, fils de la nommée Virajaude, cultivateur demeurant près la fontaine de Teyjat, âgé d'environ dix ans, taille quatre pieds, cheveux et sourcils châtains ... ». Il s'agit de Pierre Prieuret qui sera interrogé le 22 nivôse.  
Mandat d'amener contre « le fils de chez Petit Jean, cultivateur et métayer du citoyen Baynaud, demeurant au hameau de Chaufour ... âgé de douze ans, taille quatre pieds quatre pouces ou environ, cheveux et sourcils châtains ... ». Il s'agit de Jean Aufort qui sera interrogé le 22 nivôse.  
Mandat d'amener contre « Pierre Saute, cultivateur, métayer de Jean Bonithon dit Jeannot, demeurant au lieu de Chez le Mège commune de Teyjat, âgé de quarante quatre ans, taille de cinq pieds deux pouces, cheveux blancs, sourcils noirs ... ». Il sera interrogé le 22 nivôse.  
Mandat d'amener contre « le nommé Mathieu, cultivateur et métayer du citoyen Masfrand, demeurant au lieu des Planes commune de Teyjat, âgé de quarante deux ans, taille de cinq pieds un pouce, cheveux et sourcils châtains ... ». Il s'agit de Mathieu Fauconnet dont l'interrogatoire est prévu le 22 nivôse.  
Une lettre datée du 19 nivôse figure au dossier, elle est signée de Soury Lafond, président de l'administration du canton de Javerlhac :  
« Au commissaire du pouvoir exécutif près le tribunal correctionnel de l'arrondissement de Nontron.  
Citoyen
Suivant le contenu de votre lettre en date du 18 du courant, j'ai pris toutes les informations possibles relativement à l'abattement de l'arbre qui fut fait l'année dernière dans le chef-lieu de la commune de Teyjat ; l'agent de cette commune m'a dit avoir dressé procès verbal sur ce délit, l'avoir envoyé à l'administration municipale et le citoyen qui faisait les fonctions de commissaire près cette administration m'a dit l'avoir envoyé au département.  
Sur le délit qui ces jours derniers fut commis dans ladite commune de Teyjat, si vous ne l'avez déjà fait faire, suivant le rapport de l'agent de Teyjat, il serait à propos d'assigner le citoyen Georges Lamoureux, habitant le lieu de Chez Galier, près le ci-devant bourg de Teyjat, il est un de ceux qui a tout vu et qui a dit que si les fauteurs  avaient le malheur qu'il fut assigné, ils étaient perdus ; voila citoyen tout ce qui est parvenu à ma connaissance.  
Salut et fraternité ».
Jean Bonithon dit Jeannot
ep. Marguerite Calendreau
Mathurin (8ème enfant)
1765-1790
ep. Léonarde Bernard
23 Nivôse
 
Ce jour là Duchassaing lance plusieurs mandats d'amener contre le :  
« citoyen fils du nommé Philippe demeurant au lieu de la Borie... âgé d'environ dix sept ans, taille de quatre pieds quatre pouces, cheveux et sourcils châtains ... .  
Pierre Geissout, métayer de Jean Bounithon dit Jeannot, demeurant Chez Galier, âgé d'environ quarante ans, taille de quatre pieds huit pouces, cheveux et sourcils châtains.  
Le citoyen Virage, fils de feu Pierre Virage, Pierre dit Petit Cri, demeurant au chef-lieu de la commune de Teyjat, âgé d'environ dix sept ans, taille de environ quatre pieds six pouces, cheveux et sourcils châtains ... .  
Le citoyen Pierre Tarraud, demeurant à Chez Boine, commune de Teyjat, âgé d'environ vingt quatre ans, taille de cinq pieds deux pouces, cheveux et sourcils blonds ... .  
Le fils cadet de la nommée Louise, demeurant au Châtelard commune de Teyjat, âgé d'environ quinze ans, taille de quatre pieds dix pouces, cheveux et sourcils châtains ... .  
Le citoyen Chambard, domestique du citoyen Lagarde, demeurant à Boisbernard commune de Teyjat, âgé d'environ quinze ans, taille de quatre pieds six pouces, cheveux et sourcils châtains ... ».  
Le citoyen Pierre Soudat plus jeune, métayer de la citoyenne veuve Bernard, au lieu de Chaufour commune de Teyjat, âgé d'environ dix huit ans, taille de quatre pieds neuf pouces, cheveux et sourcils châtains ... ».
Audience du 29 nivôse (18 Janvier 1797)
 
Le dernier témoin est entendu, il s'agit de Georges Lamoureux, celui qui, selon ses dires, avait tout vu et dont il est parlé dans la lettre du 19 nivôse. Ses déclarations seront beaucoup plus sobres que les bravades verbales dont il est question dans la lettre citée.  
"Dudit jour est comparu Georges Lamouroux, laboureur, âgé d'environ cinquante ans, demeurant Chez Galier commune de Teyjat.  
A déclaré que dans la nuit du quatre au cinq du courant, en allant à la messe de minuit, il vit un certain nombre de personnes qui étaient assemblées autour de l'arbre de la Liberté qui était planté au chef-lieu de la commune de Teyjat, qui le secouaient ; mais que ne s'étant point arrêté et continuant son chemin pour se rendre à la messe, il ne chercha à distinguer personne et ne découvrit aussi aucune de celles qui entouraient l'arbre de la Liberté que à la vérité comme il passait il entendit une personne qui disait que si elle avait une hache elle couperait (des morceaux ?), mais dit ne savoir de quel objet elle entendait parler ni n'avoir reconnu à la voix ni autrement cette personne. C'est tout ce qu'il a dit savoir et n'a signé pour ne savoir de ce faire interpellé, ayant requis sa taxe, lui avons taxé trente sols.
         Duchassaing        Grolhier ».  
Premier Pluviose
 
Léonard Boulestin, huissier public demeurant à Nontron est chargé d'exécuter les mandats d'amener contre Philippe Fontanaud, Laina, Virage, Pierre Taraud, le fils cadet de la nommée Louise, Pierre Soudat, métayer de la veuve Bernard, Pierre Geyssou, métayer de Jean Bounithon, et le citoyen Chambard, domestique du citoyen Lagarde. « En conséquence, nous nous sommes transportés, accompagné des citoyens Barbarin, brigadier, Deschamps, Fouriou, Pastouriaud et Bernard, gendarmes à la résidence de Nontron au domicile du fils cadet de la nommée Louise dudit lieu du Châtelard, où étant l'avons trouvé dans son lit bien malade, et hors d'état de pouvoir nous suivre et avons notifié ledit mandat d'amener et de là nous sommes transportés aux domiciles des susnommés où nous n'avons trouvé personne desdits susnommés ; en parlant à leurs épouses ou mères, ainsi qu'elles nous ont dit être, lesquelles nous ont dit qu'ils étaient absents, ce qui fait que nous avons délaissé à chacune d'elle copie des mandat d'amener ... ». Un coup d'épée dans l'eau !
Il faut noter que Andrieux Fauconnet, « le fils cadet de la nommée Louise » a pris la précaution de faire établir un certificat médical :  
« Je soussigné, officier de santé résident au chef-lieu du canton de Javerlhac, certifie m'être transporté au lieu du Châtelard commune de Teyjat pour secourir le nommé Andrieux Fauconnet, lequel j'ai trouvé au lit avec un grand mal de gorge, le visage enflé, les yeux larmoyants, éruption de petits boutons rouges et animés, ce qui m'a fait décider que ledit Andrieux Fauconnet est actuellement dans la corruption de la petite vérole bénigne ou confluente, ne pouvant n'en plus décider dans ce moment, sinon qu'il est hors d'état de sortir de son lit sans risquer d'en périr. C'est ce que j'affirme sincère et véritable et que foi y doit être ajoutée ; délivré le présent certificat au Chastelar ce premier pluviôse an 5 de la R Française.  
Eyriaud Bechemores off D. S. ».
Boulestin se transporte au domicile de Lagarde à Boisbernard afin de trouver Lambert « y étant et parlant au citoyen Lagarde, avons fait une exacte perquisition et recherche de la personne dudit Lambert, tant dans ladite maison que grange et écurie, sans avoir pu le rencontrer ... nous avons interpellé le citoyen Lagarde de nous dire et déclarer où est ledit Lambert, son domestique, nous a répondu qu'il était parti de chez lui depuis huit jours et ne savoir où il est, interpellé de signer a dit n'être de besoin ... ».
Quatorze Pluviose
 
Dartiague, décidément infatigable, porte les convocations à comparaître à Jean Bonithon, dit Jeannot, Antoine Gauthier Desplanes, marchand, Thomas Filhoux, Jean Besse, Marie Marcelly, épouse de Jean Bonithon, Marie Bonithon, fille, Guillaume et Elie Filhoux, tous du chef-lieu de Teyjat. Ils doivent se présenter le dix sept pluviôse « à l'effet de faire leur déclaration sur les faits sur lesquels ils seront interrogés ».
Quinze Pluviose
 
Dartiague retourne à Teyjat pour convoquer une nouvelle série de témoins : Pierre Marquet, fils aîné demeurant au Châtelard, Pierre Lapouge, de Boisbernard, Reytier Lagrange, notaire public, de Chez Boine, Jean Bonithon fils, maréchal Chez Galier, Martial Nadaud, de Chez Galier, Jeanne Lapouméroulie, épouse de Jean Bonithon et Georges Lamoureux, de Chez Galier.  
Dix sept Pluviose
Le jour de gloire est arrivé et l'on procède au tirage au sort des jurés, on dépose seize bulletins dans l'urne et l'on tire les noms de : Lafarge, Boyer, Menestrier, Lescure père, Gessard, Laterrière fils, Dumas père, Feuillade, homme de loi et Grolhier, receveur. Le citoyen Gessard propose une « excuse légitime » et l'on pourvoie à son remplacement par le « citoyen Boyer, notaire public ... appelé par le sort à remplir les fonctions de juré spécial à la place du citoyen Gessard ... ». La liste officielle des jurés est publiée à la suite :  
     1° Pierre Grolhier père, receveur.  
     2° Boyer, notaire.  
     3° Jean Ribadeau Dumas père.  
     4° Pierre Saute Lescure père.  
     5° Feuillade Laterrière fils, homme de loi.  
     6° Feuillade, aussi homme de loi.  
     7° Léonard Boyer fils.  
     8° Jean Lafarge.  
« Tous demeurant au chef-lieu de la commune de Nontron ».  
Lecture de l'acte d'accusation de Duchassaing, datant du onze pluviôse, qui se termine ainsi: « C'est pourquoi les jurés spéciaux auront à poursuivre, s'il y a lieu ... contre les susnommés à raison du délit mentionné non prescrit ».
Le jury donne sa réponse à la suite : « La déclaration du jury est oui il y a lieu contre Jean Fauconnet, non il n'y a pas lieu contre Mathieu Dijoux, François Lage dit Labit, Elie Duport, Mathieu Fauconnet, Pierre Saule, Jean Aufaure dit de Chez Petit Jean, Philippe Fontaneau, Pierre Fontaneau, Guinot Prieuret dit Virage, Lambert, Chambart, domestiques du citoyen Lagarde, Pierre Tarraud, Pierre Soudat et Pierre Geyssou. Nontron le dix sept pluviôse an cinquième de la république française une et indivisible ».
Le même jour la délibération du jury est communiquée à Duchassaing par Grolhier, le président du jury. Duchassaing, qui doit avoir du mal a accepter la décision, fait alors un long résumé de l'affaire et conclut « que le dit Jean Fauconnet, métayer du citoyen Joubert en la commune de Teyjat, âgé de trente cinq ans, taille de cinq pieds, cheveux et sourcils noirs, marqué de la petite vérole, front ovale, yeux enfoncés, détenu en la maison d'arrêt de l'arrondissement de Nontron, sera conduit directement en la maison de justice du tribunal criminel du département de la Dordogne à Périgueux ... ». L'ordonnance est signifiée à Jean Fauconnet dès le lendemain par l'infatigable Dartiague qui en laisse copie au prévenu ».« entre les deux guichets de ladite maison en parlant à sa personne à quatre heures du soir » Les gendarmes conduisent Jean Fauconnet à Périgueux le 21 pluviôse.
Vingt deux Pluviose
 
Interrogatoire de Jean Fauconnet devant François Suchet au tribunal criminel de Périgueux. A la question de savoir si en attendant la messe il était dans ou hors l'église il répond qu'il était dehors, il passa près de l'arbre de la Liberté, était-il sur son chemin « oui » ; la réponse n'est pas habile car il avait précédemment répondu non à cette question lors de son interrogatoire du 17 nivôse, ce qui n'échappe pas au questionneur, ce à quoi il répond « que sans doute il se trompa quand il fit une pareille réponse au directeur du jury ». Il n'a vu personne autour de l'arbre et Suchet, sans doute en veine d'humour, lui demande si c'est à cause de la grande obscurité de la nuit, Fauconnet ne se trouble pas et dit « non, j'en passais si près que malgré l'obscurité j'aurais pu voir des personnes qui auraient été auprès de l'arbre. N'aviez vous pas une lampe allumée dans une lanterne ? Oui je l'avais prise pour éclairer mes pas et ceux d'un petit enfant que j'emmenais avec moi ». Lorsqu'il est passé près de l'arbre, il le vit presque abattu et il entendit dire que le surlendemain il avait été « entièrement abattu et coupé au sortir de vêpres par le fils du sonneur de cloches et celui de Jeannot ». Cet interrogatoire sera le dernier avant le jugement.  
En dehors de l'aspect anecdotique de l'incident, qui ressemble plus à un chahut qu'à une conspiration, il est intéressant de détailler les questions qui seront posées à ce dernier jury. Elles font apparaître une certaine paranoïa du complot qui semble propre à ces années de la révolution :  
«   1° Est-il constant que l'arbre planté par les citoyens de la commune de Teyjat ... a été arraché, renversé et abattu ?.  
     2° Est-il constant que cet arbre a été coupé avec une hache ?
     3° Jean Fauconnet est-il convaincu d'être l'un des auteurs de l'arrachement, renversement et abattement de cet arbre?
     4° Jean Fauconnet est-il convaincu d'être l'un des auteurs du coupement de cet arbre?
     5° Jean Fauconnet est-il convaincu d'avoir aidé et assisté les coupables de l'arrachement, renversement et abattement de l'arbre dont il s'agit dans les faits qui ont facilité l'exécution de ces actes ?
     6° Jean Fauconnet est-il convaincu d'avoir aidé et assisté les coupables du coupement dudit arbre dans les faits qui ont facilité l'exécution de ces actes ?
     7° Cet arbre était-il le signe de la Liberté ?  
     8° Existent-il en France des conspirations et complots contre la sûreté intérieure et extérieure de la république tendant à favoriser ses ennemis extérieurs, à armer les citoyens les uns contre les autres et contre l'exercice de l'autorité légitime ?  
     9° Jean Fauconnet avait-il agit en cela dans l'intention de favoriser les conspirations et complots contre la sûreté extérieure et intérieure de la république ; de favoriser les projets des ennemis extérieurs d'icelle ; de la troubler par une guerre civile en armant les citoyens les uns contre les autres et contre l'exercice de l'autorité légitime ? ».
L'arbre de la Liberté
Article de M Bernard Bonithon
REF: AD 24 cote 24 L 48  
L'AFFAIRE
Une affaire importante va animer la commune de Teyjat durant l'an V : l'arrachage et la coupe de l'Arbre de la Liberté. Evidement nous y retrouverons des protagonistes que nous connaissons déjà.  
L'affaire débute le 7 nivôse an V :  
27 décembre 1796
 
« L'an cinq de la république française une et indivisible et le sept du mois de nivôse, environ les trois heures de l'après midi, nous, agent et adjoint municipaux de la commune de Teyjat, canton de Javerlhac département de la Dordogne, étant instruits par voix indirecte que le sept du présent mois l'arbre de la Liberté qui avait été planté sur la place du chef-lieu avait été partie arraché et coupé et qu'il avait été transporté dans la cour ci-devant presbytérale, nous nous sommes transportés audit chef-lieu de la commune de Teyjat, où étant nous avons trouvé que par effet ledit arbre a été partie arraché et coupé de la hauteur de deux pieds qui est restée dans la place de sa première position ; de là avons passé dans la cour du ci-devant presbytère où nous avons trouvé le restant dudit arbre qui peut être de la longueur d'environ quinze pieds, nous avons dûment observé que ledit arbre a été coupé par le haut ; avons interpellé le citoyen Etienne Ribadeau Dumaine, ministre du culte catholique de la présente commune, qui est fermier dudit presbytère de nous dire par quelle voie ledit arbre se trouve dans ladite cour, il nous a répondu ne savoir par quel moyen il a été porté dans ladite cour, qu'à cette époque il était absent de la maison ; à quoi nous lui avons répliqué qu'il n'était pas possible qu'il n'eut bien quelque connaissance d'un fait aussi notoire, attendu qu'il fallait qu'il (passe ?) plus de quatre personnes pour faire cet enlèvement pour l'introduire dans cette cour et que même un jour de fête il ne s'absente point de la maison attendu surtout que cette action qui était faite au mépris de la loi s'est passée avant la messe, à quoi il nous a encore répondu qu'il n'avait aucune connaissance et, attendu que ledit citoyen Etienne Ribadeau, comme dit est ministre du culte catholique, persiste dans ses réponses et qu'il n'est pas en notre pouvoir de découvrir les auteurs ni fauteurs de l'enlèvement dudit arbre, nous avons fait et dressé notre présent procès verbal pour être remis au citoyen Commissaire du pouvoir exécutif près l'administration municipale dudit canton de Javerlhac pour y statuer ce qu'il verra bon être fait à Teyjat. Ce même jour et an que dit est de l'autre part et avons signé .  
Masfrand agent municipal de la commune de Teyjat
Dapien adjoint . »
L'affaire est menée tambour battant et débute par l'assignation des témoins:  
31 décembre 1796 assignation à comparaître au tribunal de Nontron est donnée à « Jean Bounithon, cultivateur, Antoine Gautier des Planes, Martial Nadaud fils, ci-devant sacristain, Thomas Philiou, journalier, Jean Besse, métayer et Jean Bounithon, maréchal, tous demeurant au chef-lieu de la commune de Teyjat ... témoins indiqués par l'agent et adjoint municipaux de la commune de Teyjat, et tous autres qu'il appartiendra et qui pourront être indiqués par la suite, à comparaître en personne par devant nous le quatorze du présent mois, heure de neuf heure du matin, pour faire tous déclaration sur les faits et circonstances contenus au procès verbal fait et dressé par l'agent et l'adjoint municipaux de la commune dudit Teyjat le sept du courant. Fait à Nontron le onze du mois de nivôse cinquième année républicaine.  
Duchassaing ».
L'assignation est communiquée aux témoins dès le lendemain 12 nivôse, en guise d'étrennes sans doute, et le quatorze nivôse an V (3 janvier 1797) les auditions commencent, elles se poursuivront jusqu'au 29 nivôse.  
Audience du 14 Nivôse (3 Janvier 1797)
 
« Aujourd'hui quatorze nivôse an cinquième de la République française ... Dudit jour est comparu Jean Bounithon dit Jeannot père, âgé d'environ soixante quatre ans, demeurant au chef-lieu de la commune de Teyjat. A déclaré qu'il est certain que le quatre du courant sur les six heures du soir, veille de la ci-devant Noël, l'arbre de la Liberté qui été planté sur la place publique de la commune de Teyjat était sur pied ; que le lendemain matin, jour de Noël, et sur les neuf heures du matin, il était presque abattu par terre, étant encore entier, mais qu'il n'a pas vu par qui il avait été arraché, qu'il a ouï dire que le métayer de Joubert qui demeure à Boisseuil, commune de Teyjat, tenait une lampe pendant qu'on arrachait ledit arbre et que le petit fils de Laurençon, du même lieu de Boisseuil, et le nommé Labi, fils de Catherine Vignaud, du lieu de Chez Boine, même commune de Teyjat, étaient présents à l'arrachement dudit arbre. C'est tout ce qu'il a déclaré savoir. Et n'a signé pour ne savoir ce faire interpellé, ayant requis sa taxe, lui avons taxé trente sols valeur métallique.  
Dudit jour est comparu Antoine Gauthier, marchand âgé d'environ trente huit ans, demeurant au chef-lieu de la commune de Teyjat, a déclaré avoir vu la veille de la ci-devant Noël l'arbre de la Liberté encore sur pied ... et que le lendemain, sur les huit heures du matin il le vit presque abattu mais ne savoir ni n'avoir ouï dire par qui il l'avait été ... ayant requis sa taxe, l'avons taxé trente sols valeur métallique.  
Dudit jour est comparu Martial Nadaud, cultivateur, âgé d'environ cinquante deux ans, demeurant à Chez Galier commune de Teyjat. A déclaré qu'étant sacristain du ministre du culte de la commune de Teyjat, il se rendit sur les onze heures du soir de la nuit du quatre au cinq du présent mois chez le ministre pour savoir s'il voulait dire la messe, qu'en passant il vit environ une douzaine de personnes qui entouraient l'arbre de la Liberté ... il aperçut ledit arbre presque renversé mais que l'obscurité ne lui permis de distinguer personne, que le lendemain matin, jour de la ci-devant Noël, passant sur la même place vers les onze heures, il aperçut ledit arbre tout à fait renversé, mais ne savait ni n'avait ouï dire par qui il l'avait été, que le troisième jour de ci-devant fête de Noël, il avait ouï dire que le dit arbre fut porté dans la basse cour du ministre du culte, mais ne sait par qui ... nous lui avons taxé trente sols valeur métallique."
 Il signe sa déposition « Nadaud ».  
"Dudit jour est comparu Thomas Filhoud, laboureur, âgé d'environ cinquante six ans, demeurant au chef-lieu de la commune de Teyjat. A déclaré que, dans la nuit du quatre au cinq du courant, un enfant qui lui est inconnu fut lui demander sur les dix heures une hache qu'il disait qu'on voulait employer à couper l'arbre de la Liberté ... laquelle le déclarant refusa vouloir prêter, que le lendemain matin, cinq du courant, étant sorti sur les huit heures du matin pour se rendre à la messe, il aperçut ledit arbre presque renversé par terre et n'avoir vu ni ouï dire par qui il l'avait été ... lui avons taxé trente sols valeur métallique.  
Dudit jour est comparu Jean Besse, laboureur, âgé d'environ trente huit ans, demeurant à Teyjat.  
A déclaré que le cinq du courant, jour de ci-devant Noël, il a vu l'arbre de la Liberté planté sur la place du chef-lieu de la commune de Teyjat, sur les cinq heures du matin, qui était couché par terre, sans être pourtant entièrement arraché, mais ne savoir ni avoir ouï dire par qui ledit arbre avait été arraché, ajoute avoir ouï dire par un enfant, dont il ne sait pas le nom de baptême, qu'on appelle Pierre Cri, fils de feu Pierre Virage, habitant au chef-lieu de la commune de Teyjat, que ledit arbre avait été porté la troisième fête de Noël dans la basse cour du ministre du culte ... lui avons taxé trente sols valeur métallique.  
Dudit jour est comparu Jean Bounithon fils, maréchal demeurant à Chez Galier commune de Teyjat, âgé d'environ trente ans.  
A déclaré qu'il aperçut, sur l'heure de midi du cinq du courant, l'arbre de la Liberté qui était planté sur la place de Teyjat presque renversé par terre, mais ne sait ni n'a vu qui pouvait l'avoir arraché ; ajoute néanmoins avoir ouï dire que le nommé Jean Fauconnet, métayer de Joubert tenait une lampe pendant qu'on arrachaient ledit arbre et que le nommé Jeannot Lapeyre demeurant au lieu du Forestier en qualité de bordier à François Prieuret avait aidé à arracher ledit arbre dans la nuit du quatre au cinq du présent mois, que la femme de lui déclarant lui a fait le rapport, pour le tenir de Marie Bounithon sœur de lui déclarant. C'est tout ce qu'il a déclaré savoir et a signé, ayant requis sa taxe, lui avons taxé trente sols métalliques."
Il signe « Jean  Bonithon ».  
A la suite de l'audition des premiers témoins une série de mandats d'amener est délivrée dès le quatorze nivôse par Pierre Duchassaing à l'encontre du « nommé Labi, fils à Catherine Peyraud, cultivateur demeurant au village de Boine commune de Teyjat, âgé d'environ vingt ans, taille de cinq pieds deux pouces, cheveux et sourcils châtains pour être entendu sur les infractions dont il est prévenu ... ». Le même jour un mandat est délivré contre « Etienne Ribadeau Dumaine, ministre du culte catholique demeurant au chef-lieu de la commune de Teyjat, âgé d'environ cinquante cinq ans, taille cinq pieds deux pouces, cheveux et sourcils châtains pour être entendu sur les infractions dont il est prévenu ... ».  
Puis c'est au tour « du citoyen Reytier Lagrange, notaire public, demeurant au lieu de Boueyres commune de Teyjat, Marie Marcelly, épouse de Martial Bounithon et Marie Bounithon, fille de Jean Bounithon dit Jeannot, demeurante l'une et l'autre au chef-lieu de la commune de Teyjat, témoins qui ont été indiqués et tous autres qui pourront l'être de nouveau et par la suite à comparaître en personne par devant nous le seize du présent mois, heure de neuf heures du matin pour faire leur déclaration sur les faits et circonstances contenus au procès verbal fait et dressé par l'agent et l'adjoint municipaux de la commune de dudit Teyjat le sept du courant ... ».  
Et nous continuons par « Jean Fauconnet, métayer de Pierre Nadaud, dit Joubert, demeurant au village de Boisseuil commune de Teyjat, âgé d'environ quarante ans, taille cinq pieds ou environ, cheveux et sourcils châtains pour être entendu sur les infractions dont il est prévenu ... Le petit fils du citoyen Laurençon, cultivateur du lieu de Boisseuil, commune de Teyjat, âgé d'environ quinze ans, taille quatre pieds six pouces, cheveux et sourcils châtain clair pour être entendu sur les infractions dont ledit petit fils est prévenu ... Le nommé Jean, dit Tejazat, bordier de François Prieuret, demeurant au village du Forestier commune de Teyjat, âgé de trente ans ou environ, taille cinq pieds deux pouces ou environ pour être entendu sur les infractions dont il est prévenu ... ». Ils comparaîtront le dix sept nivôse.
Dix sept Ventose (7 Mars 1797)
 
Le jury spécial de Périgueux rend ses réponses, il ne répond d'ailleurs qu'aux six premières questions laissant de côté l'aspect symbolique de l'arbre et les questions concernant un éventuel complot. Décidément Teyjat avait une importance considérable pour que la transformation en bûches de Noël de son arbre de la Liberté mette la République Française en danger. Les réponses sont oui aux deux premières questions, on ne peut nier les faits, et non aux questions 3,4,5 et 6. Jean Fauconnet est donc acquitté.  
 
Conclusion
De cette longue procédure, qui mobilisa toute l'énergie de Duchassaing, deux huissiers, des gendarmes, le tribunal de Périgueux, il ressort que l'arbre de la Liberté a bien été arraché puis coupé, mais que personne n'est coupable. Une bonne partie des habitants de la commune a vu son train-train perturbé par les déplacements à Nontron, de solides inimitiés se sont sans doute nouées à la suite des divers témoignages, mais la vie a repris son cours.  
Nos Bonithon, qui semblent plutôt soutenir les idées nouvelles si l'on en croit leur engagement dans la gestion municipale, sont probablement scandalisés par les faits, c'est pourquoi ils sont parmi les premiers à les dénoncer. Un grain de sable va cependant venir bloquer ce bel élan civique, en effet, Martial, qui n'a que huit ans, participe avec d'autres garnements à la coupe finale de l'arbre. Une partie de l'arbre fut ensuite portée dans la cour du presbytère par diverses personnes dont Jean Bonithon et Martial Bonithon dit Carier, tous deux fils de Jean. La tête de l'arbre fût récupérée par d'autres habitants dont Petit Pierre Geissoud, métayer de Jean Bonithon dit Jeannot. Il semble que l'arbre obstruait le passage et que la coupe qui suivit l'arrachage avait pour but de rétablir le chemin, mais qui a donné l'ordre de le faire ? La question reste sans réponse, il est peu probable que les trois gamins, Martial Bonithon, Martial Nadaud et Petit Cri aient agit de leur propre chef, d'autant plus que les restes de l'arbre sont ensuite dégagés par des adultes. Mais devant le tribunal il n'est plus question d'avouer quoi que ce soit, les choses prenant alors une ampleur inquiétante.  
Pour terminer sur une note humoristique, remarquons que Martial, qui maniait si bien la hache dans sa première jeunesse, exercera ensuite quelques temps le métier de taillandier. Son expérience de l'an V lui avait sans doute ouvert des horizons inconnus.
Vient ensuite François Lage, dit Labi, recouvreur, fils de Catherine Vignaud, âgé d'environ vingt ans, demeurant Chez Boine commune de Teyjat. « Interrogé s'il a connaissance  qu'on ait coupé et arraché l'arbre de la Liberté ... Répond négativement, qu'il a vu la souche ... qui est encore sur la place ... et avoir ouï dire qu'il avait été coupé le sept du courant. Interrogé s'il a connaissance du jour où le dit arbre a été arraché. Répond qu'il a ouï dire que ledit arbre avait été renversé à demi dans la nuit du quatre au cinq du présent mois. Interrogé s'il fut à la messe de minuit dans la nuit du quatre au cinq ... Répond qu'il assista à ladite messe. Interrogé à quelle heure il arriva dans le chef-lieu de la commune de Teyjat. Répond qu'il y arriva avant trois heures que la messe se commença ».
L'interrogatoire se poursuit, il lui est demandé ce qu'il fit durant ces heures, il alla chez le bordier de Derivailles et « passa son temps à voir quelques personnes jouer aux cartes ».  
Dans la nuit ne vit il pas « du monde rassemblé autour de l'arbre de la Liberté ? ».  
En sortant de chez le bordier de Derivailles, et une heure avant la messe, « il aperçut un groupe composé d'à peine cinq personnes qui entouraient l'arbre, l'une desquelles tenait une lanterne à la main, dans laquelle il y avait une lampe allumée ». Il ne connaît pas la personne qui tint la lanterne, s'aperçut-il, « à la faveur de la lumière ... que les personnes ... travaillaient à abattre l'arbre », il ne vit personne « se donner aucun mouvement ... »
N'a-t-il pas lui même renversé l'arbre, bien sur que non, « interrogé si au moins ce n'est pas en sa présence que ledit arbre a été arraché », Non. Il ne faut tout de même pas prendre Duchassaing pour un imbécile et il délivre immédiatement un mandat d'arrêt contre Labi, « prévenu d'être un des auteurs ou complices qui ont arraché ou coupé l'arbre de la Liberté ... ».  
C'est ensuite Jean Fauconnet, métayer dudit Joubert, demeurant à Boisseuil, âgé d'environ trente cinq ans, qui passe sur la sellette. Il alla bien à la messe de minuit, sait-il que l'arbre à été arraché, « répond que comme il allait le cinq du présent mois à la foire de Monberon, à la sortie de la dernière messe qu'il entendit à Teyjat, il vit l'arbre qui était à demi abattu, que depuis il n'avait plus entendu parler dudit arbre, si ce n'est aujourd'hui, qu'il a ouï dire par le ministre du culte de la commune de Teyjat qu'on en avait porté une partie dans sa basse cour ».
 Vit-il « quelques personnes ... travailler à l'abattre », il portait une lampe « pour s'éclairer dans sa marche » mais il ne vit personne, était-il nécessaire qu'il passe près de l'arbre pour aller de chez lui à l'église, « répond que ce n'est pas la direction qu'il devrait suivre pour se rendre droit à l'église », pourquoi donc ne suivit-il pas la direction la plus droite, « comme il suivait son chemin pour se rendre à l'église, il s'en détourna pour aller demander s'il put aller devers ledit Reytier Lagrange, le fils et la fille de Jean Bounithon, dit Jeannot, qui partaient ensemble dans un endroit non loin de l'arbre de la Liberté ». A ce moment il n'a vu personne autour de l'arbre. « Interrogé s'il eut connaissance du sujet de l'entretien dudit Retyer Lagrange, du fils et de la fille de Jeannot, répond que non ». Duchassaing n'apprécie pas les réponses données et délivre un mandat d'arrêt.  
Audience du 18 Nivôse (7 Janvier 1797)
 
« Dudit jour est comparue Jeanne Lapoumeyroulie, épouse de Jean Bonithon, âgée d'environ vingt cinq ans, demeurant à Chez Galier commune de Teyjat.  
A déclaré avoir ouï dire par Marie Bonithon, sa belle sœur, qu'elle avait vu, Jean de chez Tanpetit tenir à la main une lanterne dans laquelle était une lampe allumée pendant qu'on arrachait l'arbre de la Liberté planté sur la place de la commune de Teyjat, que c'est le seul propos que lui ait tenu sa dite belle sœur. Ne sait personnellement ni n'a ouï dire autre chose ... C'est tout ce qu'elle a déclaré savoir, n'a signé pour ne ce savoir de ce faire interpellée et ayant requis sa taxe, lui avons taxé vingt sols.  
Dudit jour est comparu Pierre Fontanaud, dit Laina, laboureur, âgé d'environ vingt neuf ans, demeurant au lieu de Chez Galier commune de Teyjat.  
A déclaré qu'allant à la messe de minuit dans la nuit du quatre au cinq du présent mois, il aperçut un groupe de monde qui entourait l'arbre de la Liberté planté sur la place au chef-lieu de la commune de Teyjat, au nombre duquel il reconnut le fils de Tantpetit, du lieu de Boisseuil, qui tenait une lanterne dans laquelle il y avait une lampe allumée, qu'entre autres personnes qui composaient ledit groupe, il a reconnu le dénommé Labi qui tenait une barre de chêne en forme de levier dont il se servait pour arracher ledit arbre que le nommé Lambert, domestique dudit Lagarde, du lieu de Boisbernard et le fils de chez Petit Jean, métayer dudit Reynaud, le fils de la Jeannette, du lieu de Chez Chaufour, le fils de chez Laurençon, nommé Mathieu Dijoux, l'assistaient dans cette opération et travaillaient avec lui à abattre ledit arbre avec ledit instrument de bois. C'est tout ce qu'il a dit savoir et n'a signé pour ne savoir de ce faire interpellé, ayant requis sa taxe, l'avons taxé trente sols valeur métallique.  
Dudit jour est comparu Pierre Lapouge, laboureur, âgé d'environ trente quatre ans, demeurant à Beaumont commune de Teyjat.  
A déclaré que le cinq du courant allant à la dernière messe qui fut dite dans le chef-lieu de la commune de Teyjat, il vit l'arbre de la Liberté qui était planté sur la place de la commune de Teyjat était à demi abattu, qu'il vit aussi plusieurs personnes qui l'entouraient, mais aperçut qu'aucune d'elles le touchaient. C'est tout ce qu'il a dit savoir et n'a signé pour ne savoir de ce faire interpellé, ayant requis sa taxe, lui avons taxé trente sols valeur métallique."
Le même jour comparaît Mathieu Dijoux, petit fils de Laurençon, âgé de quinze ans, laboureur à Boisseuil. Il ne sait pas qu'on a coupé l'arbre de la Liberté, il vit seulement, « le cinq sur les neuf heures du matin » l'arbre à demi couché. Il ne sait pas quel jour l'arbre a été couché, oui il fut à la messe de minuit, il arriva au chef lieu vers minuit « puisqu'on commença tout aussitôt la messe », à croire qu'on attendait plus que lui. Poussé dans ses retranchements, il avoue qu'il vit cependant une quinzaine de personnes  qui secouaient l'arbre, mais il ne reconnut personne, il ne vit personne qui portait une lanterne, on lui fait remarquer qu'il est étonnant qu'ayant vu les mouvements qui se faisaient autour de l'arbre, il n'ait pas été attiré par la curiosité et ne se soit pas rapproché du rassemblement, à quoi il répond « qu'il ne fut point excité par la curiosité ».  
Bien sur il n'a pas participé à l'arrachage, ni même à l'abattage. Duchassaing qui n'est pas en état d'apprécier tout l'humour de ces réponses délivre un mandat d'arrêt.  
Mathieu Dijoux comparaît à nouveau et fait une tout autre déposition. Sait-il qu'on a coupé l'arbre ? Il répond « qu'étant sous un pigeonnier qui est auprès de l'église dudit lieu de Teyjat, le fils du nommé Mathieu, métayer de  Masfrand, qui demeure au lieu des Planes en cette commune de Teyjat vint inviter lui répondant pour aller lui aider à renverser l'arbre de la Liberté, ce qu'il refusa de faire, que sur ce refus, le fils dudit Mathieu se retira sur le lieu où était planté ledit arbre et se réunit aux personnes qui entouraient ledit arbre et leur aida à le secouer », il était près de minuit. Il croit avoir reconnu le nommé Broussou, fils, résidant au lieu de Beaumont, ainsi que le frère plus jeune dudit Broussou, du même lieu, il vit aussi le fils plus jeune de Broussou qui          « faisait partie du même rassemblement ». Il ne vit point « qu'on fit usage d'une barre ni levier mais remarqua qu'on se servait de bâtons pour creuser autour de l'arbre et qu'ensuite ils secouaient l'arbre ... », il ne participa pas lui même à l'arrachage.  
François Lage, dit Labi, subit également un contre interrogatoire, il fait sensiblement les mêmes réponses que précédemment et il n'a vu personne se servir d'une barre de bois.  
Jean Fauconnet subit aussi un contre interrogatoire. Ses réponses vont légèrement varier, maintenant il  avait bien une lanterne pour éclairer sa marche mais « il ne l'a faite servir à aucun autre usage », en passant près de l'arbre il a vu « quelques enfants qui le secouaient et creusaient avec leurs bâtons la terre tout autour de l'arbre ... », mais personne ne tentait de l'arracher. Il reconnut parmi les enfants « le petit Cri, fils de la nommée Virajaude demeurant près de la fontaine du chef-lieu de Teyjat et le nommé Pierre Saule, cultivateur, métayer de Jean Bounithon, dit Jeannot, demeurant Chez le Mège commune dudit Teyjat, lesquels enfants ils peuvent avoir l'âge de quinze ans ». Lui a vu trois barres de la grosseur du bras autour de l'arbre mais « que personne en fit usage soit pour arracher, soit pour renverser ledit arbre ».
Durant cette même journée du 18 nivôse, dans l'après midi, Léonard Boutesin, huissier public à Nontron, se rend au Forestier à Teyjat. Il est porteur d'un mandat d'amener signé par Duchassaing en date de 14, contre François Prieuret. « En conséquence nous nous sommes rendu au domicile dudit Jean Reygazat, bordier de François Prieuret, où étant nous avons trouvé la porte fermée ... et ayant heurté à différentes fois à icelle sans que personne se soit représenté que celle d'un voisin qui nous a déclaré que ledit Reygazat était absent, ce qui fait que nous avons délaissé par attache à la porte dudit domicile le susdit mandat d'amener ... ». Il semble que Jean Reygazat ait décidé de prendre un certain recul par rapport à la justice.
Jean (7ème enfant)
né en 1762
ep. Jeanne Lapouméroulie
Martial (3ème enfant)
né en 1788
Deux Pluviose
 
Philippe Fontaneau, âgé de dix sept ans, laboureur au Bouchage est interrogé. Il fut à la messe de minuit, il arriva à Teyjat une demie heure avant la messe, en attendant la messe il resta chez le curé, il n'a pas eu connaissance de l'arrachage de l'arbre et n'y a pas aidé et ne connaît personne qui ait porté les débris dans la basse cour du curé. Duchassaing qui manque décidément d'humour le gratifie d'un mandat d'arrêt.  
Guinot Prieuret, dit Virage, dix sept ans, laboureur au chef-lieu, fut aussi à la messe, il ne sait pas que l'arbre a été abattu, « qu'il aurait été passé sa soirée dans ladite nuit chez le nommé Gouillette ... » , il ne peut pas connaître les auteurs du délit puisqu'il était chez Gouillette, mais « le fils de la jeannette de Chaufour et le fils de la nommée Matetoinne de Boisseuil, nommé Souridaud vinrent demander audit Gouillette une hache ; et qu'ils disaient pour vouloir employer à couper l'arbre de la Liberté et qu'ils se repentaient de ne pas en avoir pris une de chez eux, que ledit Gouillette aurait répondu qu'il n'en avait pas, qu'aussitôt l'un et l'autre s'en retournèrent en disant que puisque ledit Gouillette ne voulait pas leur prêter ladite hache, ils allaient encore se rendre auprès dudit arbre de la Liberté ». Le six, n'a-t-il pas aidé à couper l'arbre vers trois ou quatre heures de l'après midi , Bien sur que non car ce jour là il était à Javerlhac où il resta toute la journée et il ne se retira pour rentrer à Teyjat que vers quatre heures et demie ou cinq heures. Bien entendu il a droit à un mandat d'arrêt.  
Pierre Fontaneau dit Laina, vingt neuf ans, laboureur Chez Galier arriva à Teyjat une heure avant la messe, il vit qu'on secouait l'arbre « que cette circonstance  fixa son attention et le porta à s'arrêter à une distance peu éloignée de l'arbre ... il vit  le fils de chez Tanpetit qui tenait une lanterne ... le nommé Labit, le nommé Sourideau, le fils de la Jeannette, le nommé Lambert, domestique dudit Lagarde et le fils de chez Petit Jean qui tenaient une barre de bois à l'aide de laquelle ils tentaient de renverser l'arbre ... ». Il n'a pas aidé au forfait. Cette belle franchise lui vaut quand même un mandat d'arrêt.  
Trois Pluviose
 
Deuxième interrogatoire pour Guinot Prieuret, dans la maison d'arrêt de Nontron, cette fois il a ouï dire que l'arbre avait été arraché mais il ne sait pas par qui, il n'a pas participé car il était chez Gouillette et le six à Javerlhac.  
Même chose pour Philippe Fontaneau qui, lui aussi, a ouï dire que l'arbre avait été arraché mais il ne sait pas par qui, il ne sait pas qu'il a été coupé le lendemain, il ne sait pas qu'une partie en a été portée dans la cour du curé et il n'a participé à rien.  
Pierre Fontaneau est interrogé dans les mêmes conditions, il confirme ses déclarations de la veille.  
Duchassaing suspecte fortement Eyriaud, l'officier de santé de Javerlhac, de complaisance à l'égard d'Andrieux Fauconnet. Il commet donc le juge de paix du canton de Javerlhac pour « se présenter et transporter au village du Châtelard commune de Teyjat et au domicile dudit Andrieux Fauconnet pour, en présence et assisté de telle personne de l'art qu'il est autorisé à nommer d'office, faire procès verbal de l'état actuel de la personne dudit Andrieux Fauconnet et notamment s'il est légitimement empêché, pour cause de maladie d'entreprendre aucun voyage sans exposer sa vie ... ».  
Six Pluviose
 
Quatre mandats d'arrêt sont lancés contre Pierre Taraud, de Chez Boine, Pierre Soudat plus jeune, métayer de la veuve Bernard, de Chaufour, Chambart, domestique du citoyen Lagarde, de Boisbernard, Pierre Geissou, métayer de Jean Bounithon, tous prévenus d'être les auteurs de l'arrachage de l'arbre de la Liberté.  
Huit Pluviose
 
Le juge de Nontron, accompagné d'Eriaud Bechemore, se rend chez Andrieux Fauconnet, ils s'adressent à sa mère, Catherine Bernard, qui leur dit que son fils est au lit. L'officier de santé constate alors qu'il a la rougeole ou petite vérole, qu'il n'a pas de fièvre et estime qu'il pourrait faire le voyage de Nontron sans          « exposer sa vie ».  
Neuf Pluviose
Boulestin tente d'exécuter les mandats d'arrêt du six. Il est toujours accompagné de son escorte de gendarmes et se rend chez Lagarde qui lui dit que son domestique est absent et qu'il ne sait pas où il est et « qu'il y avait plus de dix jours qu'il est parti de chez lui ». Le groupe se rend ensuite chez les trois autres inculpés et trouve les portes fermées, ils interpellent les voisins pour savoir où se trouvent leurs clients mais personne ne les a vus. Deuxième coup d'épée dans l'eau !  
Dix Pluviose
Acte de renvoi devant un jury spécial des accusés François Lage, dit Labit, Mathieu Dijoux, Elie Duport, Jean Aufort, Pierre Saule, Mathieu Fauconnet, Philippe Fontaneau, Guinot Prieuret, dit Virage, Pierre Fontaneau, dit Laina, détenus en la maison d'arrêt de Nontron, Lambert, domestique dudit Lagarde, Pierre Tarraud, Pierre Soudat, Pierre Geissou et Chambart, autre domestique de Lagarde, contumax. Il sont accusés de délit contre révolutionnaire.  
Onze Pluviose
 
Andrieux Fauconnet semble avoir survécu à son voyage jusqu'à Nontron où il est interrogé ce jour. Il se rendit à la messe de minuit qui commença « tout aussitôt où il fut arrivé ». Comme il l'a déjà dit il se rendit directement à la messe mais « en passant il aperçut un groupe de monde qui entouraient l'arbre de la Liberté que même il observa qu'on le secouait ». Il n'a reconnu personne « étant pressé de se rendre au commencement de la messe ». Bien entendu il n'a participé à rien. Duchassaing qui doit être dans un de ses bons jours le remet en liberté.  
Treize Pluviose
 
Pierre Dartiague porte les convocations aux jurés pour le « dix sept du présent mois, jour de ci-devant dimanche prochain à dix heures du matin ».
Audience du 20 Nivôse (9 Janvier 1797)
 
Jean Brousse, dit Rejayat, âgé de trente cinq ans, laboureur au Forestier,  est sans doute retourné à son domicile et il est interrogé le 20. Il a vu couper l'arbre ; quand et par qui l'arbre a été coupé ? « répond qu'il fut coupé le six du courant, environ une heure de l'après midi, par le petit fils de Jeannot, âgé d'environ six ans, qui fut chercher chez son grand père une hache avec laquelle il donna deux coups sur ledit arbre et que le fils de Jean Nadaud, demeurant à Chez Galier commune de Teyjat, sacristain et de Maurice Virage, bordier dudit Basset Desrivailles, demeurant au chef-lieu de cette commune de Teyjat, se servirent du même instrument pour finir de couper ledit arbre ; ajoute que ledit arbre obstruait le passage, étant renversé par terre et traversant le chemin ». On lui demande si l'arbre n'était pas déjà renversé par terre et s'il sait quand et par qui il l'avait été ? A cette question il répond avec moins de précision : « il a ouï dire que ledit arbre avait été arraché dans la nuit du quatre au cinq ... mais ne savoir par qui attendu que le quatre il était allé au marché et que de là il se rendit à Saint Pardoux où il passa la nuit ». Question d'importance : lorsque l'arbre fut coupé, les racines étaient-elles adhérentes à la terre ou en étaient elles arrachées ? « Répond que l'arbre n'était pas encore entièrement déraciné ». Sait-il ou les débris de l'arbre furent portés et quel usage il en fut fait ? Il a « ouï dire que parti dudit arbre avait été porté dans la basse cour du ministre du culte ... ». Ces bonnes réponses lui valent la clémence de Duchassaing qui ne peut que le remettre en liberté.  
A la suite de cette déposition Duchassaing fait assigner  « ... le nommé Pierre fils du nommé Marquet, cultivateur et le fils le plus jeune de la nommée Françoise demeurant au hameau du Châtelard commune de Teyjat, témoins qui ont été indiqués ... le vingt et un du présent mois, heure de neuf heures du matin ... ».  
Autre mandat à l'encontre du « fils de Jean Nadaud, sacristain, demeurant à Chez Galier ... âgé d'environ douze ans, taille environ quatre pieds, cheveux et sourcils châtains pour être entendu sur les infractions dont il est prévenu ... ».  
Les 20 et 21 nivôse sont également délivrés deux mandats d'amener, le premier contre Guillaume et le nommé (Mingralon ?), fils de Thomas Fillioud, demeurant au chef-lieu et le second contre Fontaneau, métayer de Derivailles, demeurant à Laudonie. La comparution est prévue pour le 22 nivôse.  
Audience du 21 Nivôse (10 Janvier 1797)
 
« Dudit jour est comparu Pierre Marquet fils aîné, laboureur, âgé d'environ dix neuf ans, demeurant au Châtelard, commune de Teyjat.
A déclaré que s'étant rendu dans la nuit du quatre au cinq du présent mois au chef-lieu de la commune de Teyjat pour entendre la messe de minuit, il aperçut l'arbre de la Liberté ... qui était à demi courbé ... qu'il ne reconnut personne ni ne vit qu'on travailla à l'arrachement ... l'avons taxé trente sols valeur métallique.  
Dudit jour est comparu Andrieux Fauconnet fils plus grand de la nommée Fauresse, laboureur demeurant au Châtelard commune de Teyjat, âgé d'environ quinze ans.  
A déclaré que s'étant rendu à Teyjat dans la nuit du quatre au cinq du courant pour assister à la messe de minuit, elle fut commencée presque aussitôt son arrivée dans ledit lieu de Teyjat, que comme il passait il aperçut plusieurs personnes qui entouraient l'arbre de la Liberté, le secouaient, mais que comme il ne voulut point s'approcher du lieu du rassemblement il ne reconnut ni ne distingua aucune des personnes qui secouaient ledit arbre. C'est tout ce qu'il a dit savoir et n'a signé pour ne savoir de ce faire interpellé, ayant requis sa taxe, lui avons taxé trente sols valeur métallique. »
C'est au tour d'Elie Duport de répondre : « répond se nommer Elie Duport, fils de la nommée Jeannette, laboureur, âgé d'environ seize ans, demeurant à Chaufour commune de Teyjat ». Dans la nuit du quatre au cinq il était bien au chef-lieu, mais pour entendre la messe de minuit, il reconnaît cependant « qu'il y arriva longtemps avant le commencement de la messe ». Que fit-il jusqu'à l'heure de la messe ? « répond qu'il se rendit d'abord sous le pigeonnier, que ensuite il s'approcha près l'arbre de la Liberté où il y avait un certain nombre de personnes qui secouaient l'arbre avec force jusqu'à ce qu'une d'entre elles, dont il ne reconnut que le nommé l'Aina de Teyjat qui lui dit d'aller chercher une petite hache chez le nommé Gouilotte, où il fut à cet effet avec le nommé Laurencon qui demanda la hache qui lui fut refusée, qu'ils demeurèrent l'un et l'autre chez le nommé Gouilotte à voir jouer aux cartes jusqu'au moment où ils se rendirent l'un et l'autre à la messe ». Vit-il quelqu'un porter une lanterne ou se servir d'un pieu pour arracher l'arbre ? « Répond qu'il a vu des personnes qu'il n'a pas reconnues qui se servaient d'une barre pour renverser l'arbre et que la seule personne qu'il a reconnue portant une lanterne est ledit Reytier Lagrange qui en passant devant l'arbre de la Liberté s'y arrêta un instant et se rendit chez le ministre du culte de la commune de Teyjat ».  
Bien entendu il n'a pas aidé à l'arrachage de l'arbre. Tout cela lui vaut un mandat d'arrêt immédiat.